18 janv. 2012

CAN 2012 - Gabon & Guinée équatoriale, grands travaux et gros budgets


A une semaine du coup d'envoi, le 21 janvier, de la Coupe d`Afrique des Nations (CAN) qu'ils coorganisent, le Gabon et la Guinée équatoriale, qui ont investi des budgets importants pour construire stades, routes et hôtels, s'affirment prêts alors que l'opposition se montre critique.

En Guinée équatoriale, petit pays de 700 000 habitants dirigé depuis 1970 par le président Teodoro Obiang Nguema, la CAN s'inscrit dans un programme d'investissements à long terme, avec notamment Sipopo (un site créé ex nihilo comprenant palais des conventions, hôtel et villas de luxe utilisées pour le 17e Sommet de l`Union africaine), le début de la construction d'une ville nouvelle à Oyala, ou encore la rénovation du front de mer de Bata (sur le continent). Pour la CAN, les autorités ont construit un stade neuf de 15 000 places à Malabo, la capitale insulaire, et rénové celui de Bata (38.000 places). Officiellement, le prix des deux stades est de 50 milliards de FCFA (75 millions d'euros). Les routes ont également été bitumées à 80% dans tout le pays. Des hôtels ont été construits ou rénovés à Malabo. La force du pouvoir autocratique a fait que les travaux ont commencé dès l'attribution de la CAN à la Guinée équatoriale en 2006.

Des secteurs risquent néanmoins de poser problème. Le réseau de téléphonie mobile est faible et rapidement saturé alors que l'internet est embryonnaire dans le secteur privé en raison d`un coût élevé. Autres sujets sensibles : les transports et l'hôtellerie, à Bata notamment. Le président Obiang veut que la CAN serve de vitrine à son pays: "Il ne s'agit pas de gagner la Coupe, mais d'offrir la meilleure image du pays, de vendre notre image", a-t-il déclaré lors du tirage au sort des groupes fin octobre. L'unique député de l'opposition, Placido Mico, estime que la CAN n`est "pas bonne pour la Guinée". "La CAN a été réalisée avec la nette intention de détourner l'attention de l'opinion publique nationale et internationale des vrais problèmes de la Guinée et de donner une image qui n'est pas la réalité du pays", a-t-il déclaré à l'AFP.

Quel coût ?

Au Gabon (1,5 million d'habitants), la situation est largement différente. De 2006 à 2009, rien ou presque n'a été fait pour préparer la CAN. Ce n'est qu'avec l'arrivée au pouvoir d'Ali Bongo Ondimba que les travaux ont été lancés tous azimuts. La direction du Comité d'organisation locale (Cocan) a changé à trois reprises, et la Confédération africaine (CAF) s'était même "inquiétée" en mars de l'avancement des travaux. Conséquence : le stade historique Omar Bongo, toujours en travaux, ne sera pas utilisé. Les matchs à Libreville se dérouleront tous dans le stade de l'Amitié d'Agondjé, livré en novembre. Le stade rénové de Franceville ne devait être inauguré que ce lundi.

Comme en Guinée, l'accès à internet et l'hôtellerie sont des points faibles. L'accès au stade est compliqué et la capitale est actuellement paralysée par des embouteillages dûs aux travaux. "Le Gabon est fin prêt pour la compétition. La CAN se déroulera dans de bonnes conditions", assure toutefois Louis Claude Moundzieoud Koumba, porte-parole du Cocan, reconnaissant que quelques travaux non inclus dans le programme de la CAN ne sont pas terminés.

L'opposition, qui a longtemps critiqué les retards, estime aujourd'hui que la CAN a coûté trop cher, avançant le chiffre de "500 milliards de FCFA" (760 millions d`euros). M. Moundzieoud parle lui d'une "enveloppe globale" entre 300 et 400 milliards (450-600 millions d'euros) et souligne: "Les stades, les infrastructures sont au peuple gabonais, à l'Etat gabonais, indépendamment de qui le dirige. C'est un héritage pour l'avenir". "Les investissements pour la CAN font partie d`un projet plus vaste d'investissements : 900 km de routes bitumées dans le pays, des rocades, des travaux d'électrification, ajoute-t-il. Depuis une génération, on n'avait jamais vu autant de travaux. C'est au bénéfice de tous les Gabonais".

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