12 juin 2012

L'Afrique va Pâtir du Ralentissement de L'Économie Chinoise



L'économie chinoise, qui jusqu'à une date récente encore ne cessait de croître chaque année, est en perte de vitesse. La croissance est encore impressionnante : 8,1% le premier trimestre de cette année. Cependant, les conséquences du ralentissement vont se faire ressentir chez les partenaires commerciaux, en particulier en Afrique, estime Jonathan Holslag, directeur de recherche à l'Institut d'Etudes de la Chine contemporaine de Bruxelles
Baisse des prix de matières premières
"La Chine peut moins investir dans son infrastructure et la demande intérieure diminue. Il en résulte une baisse des prix des matières premières. Nous le remarquons déjà en ce qui concerne un certain nombre de minerais. Mais aussi sur le marché alimentaire. En tant que principal importateur de tous ces biens, la Chine a fixé les prix. Certains pays en Afrique, en Amérique latine mais aussi l'Indonésie sont devenus accros aux prix élevés des matières premières", poursuit Jonathan Holslag.
"Ils auront du mal à s'adapter. La situation ressemble à celle des années 90, quand les prix des matières premières ont considérablement baissé. Les pays en développement se sont retrouvés en difficulté et cette baisse des prix a entraîené une instabilité à grande échelle. Mais les prix des matières premières vont à long terme augmenter, car la demande continuera à s'accroîetre."
Belliqueux
On peut donc se demander dans quelle mesure les conséquences de cette dépression vont durer. Jonathan Holslag est surtout préoccupé par les tensions croissantes entre la Chine et les Etats-Unis en ce qui concerne l'influence américaine dans l'Est asiatique. Récemment, Washington a décidé de stationner davantage de navires dans la région. Prenant de plus en plus d'assurance, Pékin se montre plus belliqueux envers les Américains.
Ces tensions géopolitiques dans l'est de l'Asie peuvent, selon le spécialiste belge de la Chine, entraîener aussi une nouvelle Guerre froide en Afrique, avec maintenant la Chine comme adversaire des Etats-Unis. "Je sais qu'il est pour bien des Européens difficile d'imaginer un scénario de ce genre, mais je pense que cela devient de plus en plus probable."
"Il n'y a pas de solution pour les tensions dans l'océan Pacifique. Le débat sur la question au Congrès américain et au sein de Parti communiste chinois se durcit. Et par conséquent les gouvernements ont moins d'espace pour parvenir à des compromis. Et le nombre de conflits commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis augmente. Pékin est peu enclin à tenir compte des desiderata de l'Occident, d'autant plus que les tensions socio-économiques s'intensifient très rapidement en Chine même."
Ports africains
La Chine pourrait consolider ses intérêts commerciaux en Afrique en renforçant ses relations politiques et plus tard ses partenariats militaires, pense Jonathan Holslag : "Il y a de plus en plus de navires de l'armée de mer chinoise qui se rendent dans les ports africains et la Chine a accru son aide militaire aux pays où elle détient des intérêts économiques. Si les tensions continuent à augmenter, elles vont certainement gagner le continent africain."
"La Chine et les Etats-Unis adopteront alors des points de vue opposés dans certains conflits, par exemple dans la rivalité entre les deux Soudans." De même, l'avenir de pays comme l'Egypte et l'Algérie peut également devenir une pomme de discorde, selon Jonathan Holslag. "En cas de guerre civile ou d'instabilité dans un pays d'Afrique de l'Ouest par exemple, le danger existe d'une intervention militaire mal coordonnée des deux côtés."

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