17 déc. 2011
Les musiciens congolais pris en tenailles !
Après les élections couplées (présidentielle et législative) du 28 novembre dernier en RD Congo, aucun artiste ne peut effectuer un déplacement pour l'Hexagone. Hormis, le chanteur Marie Paul Kalamba qui a choisi le camp de l'opposition.
Tout Paris en parle et tout Kinshasa en est conscient! Ce n'est un secret pour personne. Les têtes d'affiche de la musique congolaise moderne ont pris part à la campagne électorale en faveur du chef de l'Etat en exercice, Joseph Kabila Kabange. Qu'il s'agisse de Koffi Olomidé, Werrason, JB Mpiana, Blaise Bula, Wazekwa, Karpama, Tshala Muana, Papa Wemba, Reddy Amisi, Lutumba Simaro, Nyoka Longo, Adolphe Dominguez, Manda Chante, tous ont reçu assez des moyens pour réaliser chacun une chanson pour Kabila dit le Raïs.
Bien avant la campagne électorale, il semble qu'à cause des dédicaces, l'artiste musicien JB Mpiana a failli laisser sa peau lors d'un concert populaire à la Foire internationale de Kinshasa (Fikin édition 2011). Cela aurait été navrant. De toutes façons, l'intox et l'intolérance politique de certains Congolais de la diaspora ne doivent pas quand même parvenir jusqu'aux concerts joués à Kinshasa! Regroupés au sein d'une structure dénommé «Bana Congo», les compatriotes de la diaspora basés en Europe ou en Amérique ne jurent qu'à faire payer aux musiciens mieux identifiés dans les lignes précédentes, leur complicité avec le Rais. Ils se veulent opposants au régime en place à Kinshasa. Mais ignorent la tolérance. En tant que leaders d'opinion, les musiciens, n'ont-ils pas eux aussi le devoir de contribuer à l'avancement de la démocratie dans leur pays? L'Union de Musiciens Congolais (UMUCO) doit se pencher sur la question pour en tirer toutes les leçons.
Comment vont-ils s'y prendre! S'il nous était donné de prodiguer un conseil, nous demanderions à nos artistes de cesser des dédicacer les acteurs politiques. Abandonner les «Mabanga»! En réalité, la politique et la musique sont deux secteurs qui ont toujours été aux antipodes l'un de l'autre. Seulement, il y a ce qu'on appelle la musique engagée, celle que pratiquait le Sud-Africain Lucky Dube et que pratiquent les ivoiriens Tikendja Fakoli et Alpha Blondy. Ici, il s'agit de la musique politique qui, lorsqu'on s'y engage, on cesse d'être neutre, que l'on soit centriste ou de la troisième voix. Que dire donc de la rumba?
Depuis l'époque de la deuxième République, les musiciens ont toujours dédicacé des personnes dans leurs chansons. Par exemple, les enfants du Maréchal, Kongolo et Manda Mobutu occupaient une bonne place dans le répertoire de Wenge Musica 4x4, tout terrain. Toujours à cette époque, en 1984, lors de la campagne électorale du septennat du social, Franco Luambo avait composé une chanson dans laquelle il chantait: «Ya biso candidat, Mobutu Sese, Ya biso candidat, Mobutu Sese».
Evidemment, ce fut l'époque de la pensée unique, mieux, du totalitarisme. Ainsi donc, l'ère de la démocratie ayant sonné le glas de cette lugubre époque, le «Djalelo» a été définitivement enterré.
Autrement, lorsque la musique qui a pour vocation l'adoucissement de moeurs se met au service de la politique, secteur qui accepte la manipulation, la démagogie et la propagande, les mélomanes ne peuvent plus hésiter de donner une connotation tendancieuse à l'auteur de celle-ci.
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