Si la vie de Sara Baartman fascine en Afrique, elle est encore mal connue en Europe. Exposée dans les foires à cause de la dimension hors du commun de certains de ses membres (fesses, hanches, organes génitaux), elle fut ensuite l’objet de théories xénophobes cherchant à démontrer l’infériorité de l’homme Noir. Remémorer son histoire permet à la chorégraphe, élevée en Afrique du Sud pendant l’apartheid, d’évoquer en même temps le colonialisme, le sexisme ou la misogynie de cette région. Mais pas question de s’apitoyer sur ces problèmes : Robyn Orlin choisit de les aborder avec ironie et dérision.
Portée par cinq femmes au corps charnu généreusement mis en valeur dans des robes colorées, la création prend des allures de cabaret burlesque. Les Vénus Noires dansent, chantent, discutent, grondent, vont et viennent de la scène au public. En outre, des images d’archives sont projetées sur scène, ainsi que des vidéos du public, prises en direct . Pris constamment à parti, ce dernier se retrouve au cœur même du spectacle. La frontière public / artiste ayant totalement disparu, les rapports complexes entre Occident et Afrique du Sud sont abordés sans complexe.
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