Le groupe informatique américain Apple fait un pari coûteux sur la musique en ligne, avec l'annonce de la plus grosse acquisition de son histoire, celle du fabricant californien des écouteurs stéréos Beats Electronics.
Le groupe à la pomme va débourser au total 3 milliards de dollars pour Beats Electronics, dont les écouteurs ont été popularisés par de nombreux sportifs et des stars de la musique comme Lady Gaga et Nicki Minaj, ainsi que pour son nouveau service américain de musique en ligne par abonnement Beats Music.
Environ 2,6 milliards de dollars seront versés dès le bouclage de l'opération, prévu d'ici fin septembre, et le reste en paiements ultérieurs.
L'opération permet à Apple de recruter Dr Dre et l'autre co-fondateur de Beats, Jimmy Iovine. Il n'a pas précisé quelles fonctions exactes ils auront, mais le Wall Street Journal affirme qu'ils devraient s'occuper à la fois des produits électroniques et des activités de streaming musical.
«La musique a un rôle tellement important dans nos vies et tient une place spéciale dans nos coeurs chez Apple», a commenté le patron d'Apple, Tim Cook. «C'est pourquoi nous continuons à investir dans la musique et rassemblons ces équipes extraordinaires afin de continuer à créer les produits et services musicaux les plus innovants au monde.»
L'opération avait filtré dans la presse au début du mois, provoquant l'étonnement de certains observateurs, sceptiques sur sa logique stratégique.
Apple s'était en effet contenté jusqu'à présent de petites acquisitions ciblées ne dépassant pas quelques centaines de millions de dollars, et surtout il conçoit traditionnellement ses produits en interne et n'a jamais auparavant repris une marque extérieure.
Sept ans après le premier iPhone et quatre ans après l'iPad, le prochain produit révolutionnaire se fait attendre, suscitant des spéculations croissantes sur une panne d'inspiration du groupe depuis la perte de son patron emblématique Steve Jobs, décédé en 2011.
Bob O'Donnell, analyste chez TECHnalysis Research, s'est dit mercredi soir «un peu perplexe» sur ce qu'Apple gagne dans l'opération: «D'un côté les produits Beats sont bien connus, mais pour les gens intéressés par l'audio haut de gamme ce ne sont pas les meilleurs produits» et ils «s'adressent à une population différente» de celle qui achète traditionnellement les produits Apple.
Pari sur le streaming et recrutement de talents
Pour certains experts, le pari d'Apple est surtout motivé par le service de musique en ligne sur abonnement en streaming de Beats, lancé en janvier aux États-Unis et auquel les spécialistes du secteur prédisent un bel avenir.
Bob O'Donnell souligne ainsi que Beats Music a «un nombre relativement limité de clients» mais «des contacts dans l'industrie» musicale susceptibles de renforcer la crédibilité d'Apple dans ce secteur.
Le groupe informatique est une référence pour les téléchargements payants de musique en ligne avec sa boutique iTunes. Mais les modes de consommation sont en train de changer: au lieu de payer pour télécharger plusieurs albums par mois, les fans de musique s'abonnent de plus en plus à des services d'écoute de musique en ligne comme Spotify.
Apple avait lancé l'an dernier son propre service de streaming, iTunes Radio, mais ce dernier a, semble-t-il, du mal à décoller.
«L'addition de Beats va encore améliorer notre offre musicale, du streaming gratuit avec iTunes Radio au service par abonnement de première classe de Beats, et bien sûr l'achat de musique dans la boutique iTunes», a souligné mercredi Eddie Cue, vice-président d'Apple chargé des services en ligne.
Pour certains experts, l'opération est aussi une tentative d'Apple pour relancer ses capacités d'innovation en s'adjoignant des personnalités de talent, et se résumerait finalement surtout à un recrutement coûteux, celui de Jimmy Iovine, 61 ans. Ce dernier est considéré comme un visionnaire dans le monde de la musique.
«Iovine a été à la pointe de l'innovation dans le secteur de la musique depuis des décennies», rappelle d'ailleurs Apple mercredi.
Le groupe a réalisé ces derniers mois plusieurs recrutements ciblés dans le secteur de la mode, comme celui de la patronne de Burberry Angela Ahrendts à qui il a confié ses magasins physiques et en ligne.
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