La plateforme suédoise, numéro un mondial du streaming, qui a annoncé récemment compter 40 millions d'utilisateurs au total dans 56 pays, avait lancé en décembre une offre gratuite de son service sur mobiles et tablettes.
Ce modèle «freemium» destiné à augmenter rapidement sa base d'abonnés en espérant les convertir dans un second temps à la version payante semble avoir fonctionné, et le groupe de Daniel Ek devrait aussi accélérer aux Etats-Unis grâce à un contrat récent avec l'opérateur télécom américain Sprint.
Taille critique en Norvège
«On est dans une phase de conquête de nouveaux abonnés», explique Gilles Fontaine, analyste de l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate) qui estime que le modèle payant devrait rester la norme par rapport au modèle gratuit.
Le streaming pourrait aussi faire perdre des «parts de marché» au téléchargement illégal. «Quand Spotify a atteint la taille critique en Norvège, on a vu une baisse du piratage», souligne Gilles Fontaine.
Baisse des ventes en téléchargement
Marginal encore il y a cinq ans, le streaming représente désormais 27% des parts de marché de la musique numérique (contre 67% pour le téléchargement légal), soit 28 millions d'abonnés, selon les chiffres 2013 de la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI).
Pour la première fois l'an dernier, en France comme aux États-Unis, les ventes de musique en téléchargement ont baissé alors que la musique en flux continue à progresser, ce qui suggère que le streaming est appelé à devenir à terme le mode d'écoute dominant. «Il y a un changement important dans la façon dont les gens accèdent à la musique, même si la question de la monétisation n'est pas encore réglée», souligne Paul Verna, analyste senior pour la société d'études emarketer.
Sur le marché clé des États-Unis, 33% de la population devrait écouter cette année de la musique en flux, contre un peu plus de 30% l'an dernier, selon les estimations d'emarketer.
Et cette musique s'écoute de plus en plus sur smartphone, qui devient la porte d'entrée privilégiée pour gagner de nouveaux clients, souvent grâce à des alliances avec les opérateurs télécoms. L'écoute de musique sur mobile (téléchargement et streaming) devrait ainsi progresser de 15% cette année aux États-Unis, où les acteurs se multiplient, escompte emarketer.
A côté des services populaires de «radio numérique» financés par la pub comme Pandora ou Rdio, et de Youtube, vaste jukebox gratuit et à ce jour le mode d'écoute le plus populaire, le marché de la musique en ligne est en pleine concentration.
«Beats Music»
«Facebook et Twitter étudient le secteur de la musique mais ne se sont pas encore lancés, tandis qu'Apple pourrait être tenté d'utiliser son cash et acheter un concurrent», estime Paul Verna.
Apple, dont l'offre de téléchargement en ligne iTunes voit ses ventes décliner, étudierait l'acquisition de Beats Electronics, fabricant d'écouteurs stéréo du rappeur Dr Dre qui a lancé en janvier aux États-Unis le service de streaming «Beats Music».
La compagnie à la pomme pourrait dépenser 3,2 milliards de dollars pour cet achat selon les médias américains.
Le réseau social Facebook, qui lorgne aussi sur ce marché, a annoncé mercredi le lancement prochain aux États-Unis d'une fonction pour identifier et partager plus rapidement encore une chanson ou, un programme télévisé, qui ressemble à la très populaire application Shazam.
Le français Deezer, un pionnier du streaming qui comptait 5 millions d'abonnés fin 2013 et est présent dans 182 pays, a également annoncé son intention de se lancer cette année aux États-Unis avec un partenaire. Le e-commerçant Amazon serait aussi en discussion avec des maisons de disques, pour se lancer sur ce marché, selon les médias américains, tandis que le Sud-coréen Samsung a dévoilé en mars un service gratuit de musique en ligne pour les utilisateurs de ses smartphones aux États-Unis.
La plateforme de microblogging Twitter, qui réfléchissait au rachat de la plateforme allemande de partage musical SoundCloud, aurait en revanche jeté l'éponge faute d'un accord «sur les chiffres», selon une source proche du dossier citée par le Wall Street Journal jeudi.
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