22 nov. 2011
Film-Crépuscule du réalisateur Mamadou Ndiaye: Un diagnostic sans complaisance du 7e art sénégalais
Le documentaire Crépuscule, 62 minutes, 2011, du réalisateur sénégalais Mamadou Ndiaye fait le bilan du cinéma sénégalais.Le film projeté ce week-end à l’Institut français revient sur l’âge d’or du 7e art et son déclin constaté aujourd’hui.
Dans son film Crépuscule, le réalisateur Mamadou Ndiaye dresse l’état du cinéma sénégalais. Il l’assimile à une malade. Un diagnostic sans appel est fait par les cinéastes sur ce qu’est devenu aujourd’hui le 7e art. Tous les interviewés, notamment Momar Thiam, Khady Sylla, Amadou Thior, pour ne citer que cela, restent unanimes sur le constat. ‘Le cinéma sénégalais est mourant, agonisant ou moribond’, disent-ils devant la caméra. Et pourtant, il a connu un âge d’or. Un feedback à travers des images d’archives montre qu’il a été le premier cinéma en Afrique noire, selon le réalisateur Mansour Sora Wade. Des photos de ces acteurs actifs de l’époque défilent sur l’écran. Paulin Soumano Vieyra, Ababacar Samb Makharam, Blaise Senghor, Momar Thiam, Ousmane Sembène etc., ont représenté la richesse et la force du pays en la matière. Ils sont à l’origine de la création du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco). Le journaliste-critique Baba Diop reconnaît que ‘leurs films étaient de qualité même s’ils étaient en noir et blanc avec la maîtrise qu’ils (Les doyens du cinéma : Ndlr) avaient’. Les réalisateurs, Mahama Johnson Traoré, le ‘génie’ Djibril Diop Mambety, Ben Diogaye Bèye, Ousmane William Mbaye y ont aussi joué leur partition. Leur force était visible à travers leur regroupement : le cineseas.
Le réalisateur Ndiaye montre ainsi un pays où le cinéma était rayonnant et qui, tout d’un coup, sombre dans le déclin. Le documentaire Crépuscule revient sur les causes de la déchéance. Les effets des programmes d’ajustements structurels, la nationalisation des circuits de productions et de distributions, les problèmes de la Société nationale de la cinématographie et de la Sidec s’occupant de la distribution sont indexés par les réalisateurs interrogés. Le bradage des salles de cinéma devenues des églises ou des centres commerciaux est affiché.
Un micro trottoir réalisé au marché Sandaga et à l’Université Cheikh Anta Diop assombri le tableau déjà noir, car les Sénégalais ne connaissent pas leur cinéma. Le manque de solidarité au sein de la profession est aussi mis à nu. Ndiaye s’attarde surtout sur les blocages de la mise en application de la loi sur le Code du cinéma et le Fonds d’aide à la production audiovisuelle et cinématographique voté depuis 2002 et sur les programmations télévisuelles sénégalaises préférant les télénovélas américaines ou asiatiques. Les décisions prises pour la relance du cinéma ne voient jamais le jour… Les cinéastes parlent de manque de volonté politique. Mamadou Ndiaye garde pourtant espoir malgré ce tableau sombre.
En 62 minutes, le réalisateur de Crépuscule a réussi à faire le tour de la question en posant les vrais problèmes et en interrogeant les personnes appropriées. Mais son film peut être rangé dans le registre docu-fiction. Car c’est à travers l’histoire d’une malade admise à la ‘clinique cinématographique’ que le diagnostic a été fait. Au-delà, le film a été montré à travers la scène d’un jeune homme assis devant son poste téléviseur regardant un film.
Crépuscule, moment qui suit le coucher du soleil mais précède son lever, permet aux cinéastes d’espérer que le nouveau jour sera le bon pour le cinéma sénégalais.
Mamadou Ndiaye, par ailleurs scénariste et monteur du film Crépuscule, est réalisateur à la télévision nationale sénégalaise (Rts). Il est le lauréat du Prix de la meilleure série Tv-Vidéo au dernier Fespaco pour sa série Ismaël le gaffeur. Crépuscule réalisé cette année a été projeté ce week-end à l’Institut français de Dakar devant un public nombreux.
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