L'histoire principale de ce bref roman se réduit à très peu de choses. Le commandant Génestas, vétéran des armées napoléoniennes, se rend sous un nom d'emprunt auprès du médecin philanthrope Benassis qui, par son action professionnelle et sa bonne administration municipale, a transformé et enrichi une pauvre bourgade de Savoie.
Après deux jours d'observation, il lui avoue sa véritable identité et le but de sa visite : son fils adoptif est atteint d'une maladie mystérieuse qui a jusqu'alors tenu en échec le corps médical. Benassis accepte de prendre le jeune homme en pension et découvre sans peine qu'il souffre d'un excès de masturbation qu'a provoqué le confinement des études et auquel il a bien vite fait de préférer de salubres promenades alpestres. Au bout de huit mois, l'adolescent est guéri et Benassis meurt, entouré de regrets unanimes.
Après deux jours d'observation, il lui avoue sa véritable identité et le but de sa visite : son fils adoptif est atteint d'une maladie mystérieuse qui a jusqu'alors tenu en échec le corps médical. Benassis accepte de prendre le jeune homme en pension et découvre sans peine qu'il souffre d'un excès de masturbation qu'a provoqué le confinement des études et auquel il a bien vite fait de préférer de salubres promenades alpestres. Au bout de huit mois, l'adolescent est guéri et Benassis meurt, entouré de regrets unanimes.
Mais ce très mince fil narratif est surtout le prétexte à descriptions et à discours : évocations poétiques de paysages alpestres et d'ambiances campagnardes ; présentation presque pédagogique du microcosme socio-économique conçu et réalisé par Benassis ; digressions autobiographiques des uns et des autres ; rappels nostalgiques de la geste napoléonienne ; discussions politiques entre notables ; histoires d'amour malheureuses. Le lecteur a ainsi l'impression étrange de passer en revue, se promenant en compagnie de Benassis et de Génestas, les décors naturels et les paroles ou les chants qui y résonnent.
A un moment où Balzac songe à la députation, Le Médecin de campagne expose au lecteur, sous la forme attrayante de la fiction, sa doctrine politique. A côte des préoccupations sociales que le saint-simonisme et ses épigones ont placées au premier plan après la révolution de Juillet, le roman met l'accent sur la nécessité d'un exécutif autoritaire mais éclairé : il reprend, pour l'essentiel, la doctrine du parti légimiste.
Mais Balzac brouille les cartes, en se faisant l'écho, insistant et inspiré, du culte bonapartiste dans les couches populaires. Ce sens aigu de la synthèse idéologique avait de quoi irriter les contemporains, qui ont souligné le caractère lourdement pédagogique de l'oeuvre, ses incohérences ou ses invraisemblances, en somme, tout son masque de naïveté réelle ou feinte.
Mais Balzac brouille les cartes, en se faisant l'écho, insistant et inspiré, du culte bonapartiste dans les couches populaires. Ce sens aigu de la synthèse idéologique avait de quoi irriter les contemporains, qui ont souligné le caractère lourdement pédagogique de l'oeuvre, ses incohérences ou ses invraisemblances, en somme, tout son masque de naïveté réelle ou feinte.
Mais sans doute Balzac avait-il besoin de cette laxité de la forme pour commencer d'élaborer le projet artistique dont on retrouvera les avatars dans Le Lys dans la vallée et Le Curé de village : concevoir et illustrer, dans le cadre de la prose fictionnelle, cette poésie du politique qui mêle toujours chez lui, sur fond d'utopie, la représentation charnelle des corps souffrants ou désirants, la description des paysages, la digression argumentative.
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