Les militaires responsables du coup d'Etat du 22 mars dernier,
exigent la mise en place d'un nouveau processus de transition à l'issue
des quarante jours règlementaires au pouvoir de Dioncounda Traoré. Et
pendant ce temps, les islamistes d'Ansar Dine concèdent l'idée de
corridors humanitaires dans le Nord Mali, sous certaines conditions.
Selon ces irréductibles, cette aide humanitaire ne doit provenir ni de
la France, ni des Etats-Unis d'Amérique. Seuls les dons provenant des
Maliens peuvent être acheminés pour les populations du Nord. De l'aide
halal, peut-on dire. Quelle absurdité ? Le groupe Ansar Dine semble
manquer de réalisme, puisque le Mali, à l'heure actuelle, ne peut guère
se payer le luxe de refuser une aide étrangère, dût-elle provenir du
pire ennemi. Peut-être les islamistes redoutent-ils qu'à la longue, les
corridors humanitaires qu'ils ont concédés ne deviennent des canaux de
circulation d'armes.
Mieux, ils ne veulent même pas voir un Occidental sur leur
territoire. L'attitude du groupe islamique Ansar Dine rappelle
étrangement celle de Boko Haram qui a longtemps soutenu et soutient
encore que l'éducation occidentale est un péché. Une position pour le
moins abracadabrantesque et ridicule, si l'on sait que le groupe Ansar
Dine et Boko Haram, dans leurs combats quotidiens, n'utilisent que des
moyens et des dispositifs empruntés à la civilisation occidentale.
Peut-on prétendre haïr quelqu'un au point de rejeter sa culture et
continuer d'utiliser les fruits de ses progrès ? C'est tout simplement
incompréhensible. Et d'ailleurs, à moins d'avoir fait le choix d'un
combat cynique, comment pouvoir s'attirer la sympathie des populations
du Nord si Ansar Dine, du reste, en quête de légitimité, s'érige en
rempart contre l'aide humanitaire ?
Les innocentes populations, de toute évidence, ne sauraient payer le
prix d'un combat idéologique au fondement et aux méthodes très souvent
discutables et controversables. Pour que le Nord-Mali se passe de toute
aide étrangère, Ansar Dine doit se montrer à la hauteur de son autorité
en volant au secours des populations qui ne demandent qu'à manger à leur
faim. Dans le cas contraire, elle sème, elle-même, le germe de sa
disparition puisqu'excédées, les populations ne manqueront pas un jour
de briser le mur de la peur pour manifester leur ras-le-bol. Vivement
que le Mali retrouve sa quiétude d'antan qui forçait l'admiration de ses
voisins.
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