9 déc. 2011

Le mariage : Chemin de croix des jeunes ivoiriennes


Se trouver un homme idéal est devenu une croix difficile à porter pour les jeunes filles en âge de se marier. Nombreuses sont les jeunes filles stables au plan professionnel qui n'attendent que le prince charmant pour vivre une vie épanouie. Mais plusieurs facteurs, dont le chômage et le coût élevé du mariage freinent l'ardeur des hommes. 


Tous les moyens sont bons aujourd'hui pour dénicher un oiseau rare. Internet, veillée de prière, soirée célibataire, etc... Mais malgré toutes ces techniques de "drague", nombreuses sont les jeunes filles qui n'ont pour compagnon que le téléphone ou les chaînes de télévision. C'est le cas d'Elisa, la quarantaine, chef de service dans une société. Elle s'est avouée vaincue après plusieurs tentatives de mariage avorté. " Je me méfie des hommes, je ne veux plus souffrir, alors je reste chez moi tranquillement devant ma télévision. Ainsi, je suis sûre de garder mon coeur de tout mal," s'est elle résignée. 


Celles qui ont la chance de fonder un foyer, n'hésitent pas à mettre les moyens pour le conserver. Elles se dévouent corps et âme pour préserver leurs couples, et sont prêtent pour ce faire, à prendre sur elles les charges et autres dépenses afférentes au ménage. Rien que pour se rendre indispensable dans un foyer. " Je ne veux pas que mon mari se serve des nombreuses charges familiales comme prétexte pour me quitter. Alors je préfère m'acquitter de la majeure partie des dépenses. Sinon s'il rencontre une autre qui assume mieux que moi, il pourrait partir", confie madame Koffi qui en plus des dépenses de la famille, offre constamment des cadeaux à son époux pour le maintenir à ses cotés. 


Malgré cette «vigilance» observée, l'on n'est pas toujours à l'abri de surprises désagréables avec des escapades extraconjugales des hommes. Si certaines femmes se résignent après avoir découvert les "coups bas" du mari, d'autres par contre, concoctent des plans diaboliques pour en découdre avec l'indélicat partenaire. Alima, n'a pas supporté l'infidélité de son amant, sous l'effet de la colère, elle l'a grièvement blessé à l'abdomen à coup de couteau. Celui-ci, s'en est sorti après plusieurs jours à l'hôpital. Mais la jeune femme se dit prête à recommencer si cela se reproduisait. 


Contrairement à Alima, Joelle, belle jeune fille, la trentaine révolue, employée dans une entreprise de la place se fait toujours larguer par les hommes. "Tous ceux qui arrivent ne font que des promesses de mariage sans lendemain", après quelques bons moments passés ensemble, ils s'en vont avec d'autres femmes sans crier gare, regrette Joelle. Et pourtant, elle a tout pour plaire." Si nous assistons aujourd'hui a ce genre de situation, c'est parce que les parents ont tous démissionnés », accuse Dame Assalé, 58 ans, retraitée. Comment voulez-vous que les jeunes hommes se marient quand ils voient des femmes nues à longueur de journée se pavaner dans les rues, s'est interrogée cette mère de famille.


Le comble selon elle, c'est que, ce sont ces parents là, qui au lieu d'encourager leurs filles au mariage, les poussent à la prostitution. "Une belle jeune fille est aujourd'hui une source de richesse pour ses parents, c'est elle qui doit, non pas travailler pour s'assumer, mais collecter les hommes riches afin d'offrir une vie descente au reste de la famille," s'est indignée madame Assalé. «Nos filles ont aussi une part de responsabilité dans ce qui leur arrive. Sous prétexte qu'elles sont trop belles et émancipées, elles tiennent tête aux hommes, et refusent parfois d'accomplir certaines tâches ménagères. Du coup, elles rentrent dans leur foyer avec beaucoup de lacunes très vite découvertes et jetées dehors par le mari" explique pour sa part, madame Siloué.


Les Obstacles


Patrick a 30 ans et fait partie selon lui, des rares jeunes de son âge qui aspirent au mariage. Avec sa fiancée, ils ont décidé de passer devant le maire l'an dernier, mais il s'est vite heurté au coût élevé de la dote. C'est avec amertume que sa chérie Betty raconte leur mésaventure. " Mes parents ont demandé à Patrick de verser une somme de cinq cent mille francs (500.000) pour la dote. Où voulaient-ils qu'il trouve cette somme, jeune ferronnier qu'il est », s'est-elle interrogée. Avant d'ajouter que sa soeur Adeline s'est mariée récemment, parce que son fiancé à elle, est un cadre de banque, et a pu donner la somme réclamée par les parents.


Mélissa à 25 ans et se prépare à la rencontre de l'homme de sa vie, mais elle attend un homme beaucoup plus âgé qu'elle pour se marier. A l'en croire, "les hommes du même âge qu'elle sont immatures, contrairement à ceux qui sont plus matures et plus regardant vers le mariage". Thierry, 35 ans, veut bien se marier, mais il est sous contrat à durée déterminée (CDD) dans une entreprise de la place. "Je ne peux pas prendre l'engagement de fonder un foyer avec une situation professionnelle précaire", explique t-il. Thierry dénonce aussi le comportement de sa "petite chérie". " Tout ce qui l'intéresse, c'est son argent de poche. Elle vient juste passer le week-end dans mon petit studio. Quant aux travaux ménagers, elle ne se sent pas concernée », se plaint-il. 


Le sociologue, Firmin Djoman explique pour sa part ce phénomène par le fait que les jeunes filles, surtout les lettrées, ont du mépris pour les pratiques africaines. Elles ont le regard tourné vers l'Occident. Pour ce faire, elles copient tout pour ensuite les appliquer ici. " Ne soyons pas étonnés de ces échecs puisque ce qui marche en Occident ne marche pas forcement en Afrique. Il faudra revenir à la méthode africaine ancienne qui consistait à marier deux familles et non deux individus," a conclu le spécialiste. En entendant que les filles reviennent aux " méthodes" de leurs mères, elles payent le prix de ce qu'elles appellent émancipation.

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