Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a invité mardi les pays francophones d'Afrique de l'Ouest et du Centre à faire de la sécurité alimentaire une priorité dans leur politique de développement durable.
"L'Afrique subsaharienne ne pourra pas maintenir sa reprise économique actuelle si elle n'élimine pas la faim, qui touche presque un quart de sa population", a averti la représentante-résidente du PNUD au Sénégal, Bintou Djibo, lors du lancement du Rapport régional sur le développement humain 2012.Ce rapport, le premier du genre consacré aux pays d'Afrique francophone de l'Ouest et du Centre, est élaboré dans un contexte de "spirale de la crise alimentaire", a dit Mme Djibo, par ailleurs coordonnatrice des institutions spécialisées des Nations unies au Sénégal.
Dans pareil contexte, il est "impératif d'amorcer une dynamique de changement radical pour trouver des solutions durables à la crise alimentaire", a-t-elle indiqué. Il est impossible d'espérer s'affranchir de l'insécurité alimentaire par un effort exclusivement centré sur l'agriculture, a encore averti Mme Djibo, citant le rapport, qui a pour thème : "Vers la sécurité alimentaire durable". La représentante-résidente du PNUD au Sénégal a estimé qu'il est nécessaire, pour les pays d'Afrique francophone de l'Ouest et du Centre, de convenir d'une nouvelle approche couvrant de multiples secteurs allant de l'infrastructure rurale aux services de santé et englobant de nouvelles formes de protection sociale, pour parer à l'insécurité alimentaire.
Cette nouvelle approche qu'il faut trouver devrait permettre aussi d'aboutir à l"'autonomisation" des communautés locales, en matière alimentaire. "L'autosuffisance alimentaire en Afrique est possible. C'est une question de dignité et de justice sociale", a dit Bintou Djibo. Le Rapport régional sur le développement humain 2012 indique que des gains durables de productivité agricole sont essentiels pour préserver le droit à l'alimentation, selon Babacar Cissé, Directeur adjoint du Bureau régional du PNUD pour l'Afrique. L'insécurité alimentaire résulte d'un ensemble de dysfonctionnements et de politiques et stratégies inappropriées, a-t-il expliqué. Ces dysfonctionnements peuvent en même temps toucher les politiques agricole, nutritionnelle, éducative et de gouvernance, selon M. Cissé.
"Une réponse efficace à des problèmes d'une telle ampleur ne peut se limiter à une intervention, à une discipline ou à un mandat institutionnel", a signalé M. Cissé, relevant que l'éradication de l'insécurité alimentaire fait appel à une réponse coordonnée des acteurs de divers secteurs d'activité. Les politiques menées par les programmes nationaux de développement doivent être coordonnées, afin d'accroîetre la productivité agricole des petits exploitants, d'améliorer la nutrition des femmes et des enfants et de permettre l"'autonomisation" des femmes et des populations pauvres vivant en milieu rural.
Le rapport souligne "le paradoxe" entre la faim et l'abondance en Afrique, qui bénéficie de terres et de ressources en eau à profusion, mais aussi d'un climat favorable, alors qu'à l'opposé 93% des terres arables ne sont pas irriguées. Malgré les immenses rivières et ressources en eau dont dispose l'Afrique. "L'insécurité alimentaire chronique en Afrique subsaharienne est le résultat de décennies de mauvaise gouvernance", font savoir les auteurs du document. La priorité des gouvernements à été toujours accordée aux zones urbaines, au détriment des zones rurales et de la productivité agricole, relèvent-ils.
Ce rapport du PNUD, lancé simultanément à Nairobi (Kenya) et Dakar, présente une analyse et des recommandations exhaustives faites par des universitaires, des chercheurs, des décideurs politiques et des professionnels du développement humain en Afrique.
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