Lundi, trois jours après avoir annoncé la suppression de 40% de ses effectifs, le groupe a indiqué qu’il allait être racheté par un consortium d’investisseurs mené par le fonds Fairfax, son premier actionnaire, pour 4,7 milliards de dollars. Le même jour, comme un symbole, Apple revendiquait des ventes record pour son nouvel iPhone.
Considéré à une époque comme le fabricant de smartphones le plus branché, à défaut d’être le plus important, le groupe canadien a perdu son élan en ne parvenant pas à suivre le rythme imprimé par ses rivaux: «Ils ne pensaient pas que quelqu’un pourrait les supplanter», résume Gerry Purdy, un analyste qui suit le secteur des mobiles chez Compass Intelligence.
Réaction tardive
A ses yeux, BlackBerry (le groupe Research in Motion avait adopté le nom de son smartphone en janvier 2013) a trop tardé à réagir face à la menace représentée par l’iPhone, lancé par Apple en 2007, et par les smartphones utilisant le système d’exploitation de Google, Android, apparu la même année.
«Leur énorme problème a été le retard pour lancer un système d’exploitation avancé sur le marché», pointe Gerry Purdy: «Ils l’ont développé en 2010, et il leur a fallu trois ans pour qu’il arrive sur le marché. (...) C’était donc six ans» après le lancement de l’iPhone. «Le marché évoluait trop vite», conclut-il.
Accroché au clavier
«BlackBerry s’est accroché à son clavier, le groupe pensait que pour les gens qui écrivaient beaucoup, un clavier était indispensable», relève aussi Roger Kay, d’Endpoint Technologies Associates: «Le temps qu’il se décide à avoir un écran tactile, il était trop tard. Dans ce secteur, si vous manquez un ou deux cycles technologiques, vous êtes quasiment grillé».
Loin de la Bourse
Racheté par des investisseurs menés par le fonds Fairfax, BlackBerry devrait sortir de la Bourse pour se restructurer à l’abri des soubresauts des marchés financiers. Aux yeux de certains, cela pourrait ouvrir la voie au démantèlement du groupe.
«Leur branche de gestion des mobiles est ce qu’on peut trouver de mieux dans le secteur», juge Gerry Purdy, en référence à la possibilité que le groupe offre de pouvoir gérer et contrôler d’importantes flottes de mobiles BlackBerry dans les entreprises.
«Ce qui vaut le plus, c’est leurs logiciels de sécurité et de gestion des appareils, ça a été leur point fort pour dominer dans les entreprises et les gouvernements. Ils auraient pu abandonner les téléphones et se spécialiser dans les logiciels il y a quelques années, mais ils ont été grisés par les revenus tirés des ventes d’appareils», poursuit-il.
70 millions de clients
Le groupe compte encore quelque 70 millions de clients dans le monde, mais la plupart sont équipés avec des appareils de ses anciennes gammes. Le mobile BlackBerry 10, le plus récent, n’ayant pas réussi à s’imposer. Selon la firme spécialisée IDC, le groupe ne pèse plus que 3% du marché des smartphones, quand le système Android équipe 8 téléphones sur 10 dans le monde et Apple 13%.
«Fairfax sera chanceux s’il récupère sa mise et gagne de l’argent», prédit Roger Kay. «Si BlackBerry doit se sauver, cela passera par des relations stratégiques avec un autre groupe dans le secteur des solutions pour les entreprises».
Valeur à long terme?
Pourtant, pour Jack Gold, analyste chez J. Gold Associates, BlackBerry vaut plus dans son ensemble que la simple somme de ses différentes parties: «Je pense qu’il vaut mieux conserver les trois branches de l’entreprise (les appareils, les services et la coopération) intactes, c’est préférable pour créer de la valeur à long terme».
«Quitter la Bourse et peut-être rappeler le fondateur de la société, Mike Lazaridis pourrait leur donner un peu de temps pour remettre de l’ordre dans leurs affaires», conclut-il.
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