La relation privilégiée qu'entretenaient Bono, du groupe U2, et Nelson Mandela est connue du grand public. L'implication des musiciens irlandais dans le film dédié à Nelson Mandela était donc une évidence (teaser et clip ci-dessous), tout comme le souhait de Bono d'écrire quelques mots en son honneur au lendemain de sa mort. Il a intitulé son hommage "Mandela, l'homme qui ne savait pas pleurer".
Irlande - Afrique du Sud: même combat
Dans le Time, Bono explique notamment que le soutien de U2 au combat politique du détenu le plus célèbre du monde est évident pour des Irlandais issus d'un pays où l'on déplore l'asujettissement aux majorités ethniques. Si loin et pourtant si près, Irlande et Afrique du Sud se comprennent dans leurs déchirements. Pour U2, la lutte de Mandela n'avait rien d'abstrait.
Celui sans qui rien (et tout) ne serait arrivé
"On se souviendra toujours de Mandela comme de quelqu'un de remarquable et ce juste pour ce qui est arrivé - et surtout ce qui n'est pas arrivé - lors du changement de régime en Afrique du Sud. Bien plus que cela, c'est lui qui a donné de l'Afrique une vision bien plus romantique que celle d'un continent en chaos, tant dans la majestuosité de ses paysages que dans la noblesse de ses habitants les plus pauvres. C'était aussi un réaliste entêté, comme l'a prouvé sa politique économique. À ses yeux, principes et pragmatisme n'étaient pas opposés: ils marchaient main dans la main. C'était un idéaliste sans aucune naïveté, il incarnait le compromis sans jamais se compromettre", salue Bono.
Charmeur d'arbres et de portefeuilles
Le chanteur partage aussi son admiration pour l'homme, avec qui se réjouit d'être "devenu ami". "Il y avait de l'humour et de l'humilité dans ses attitudes, il était plus intelligent et plus drôle que la flopée de leaders mondiaux qui se pressaient à sa porte. Il savait appâter ses invités: 'Qu'est-ce qu'un homme aussi puissant que vous veut avoir à faire avec un vieux révolutionnaire comme moi?'. Il pouvait charmer les oiseaux dans les arbres mais aussi les portefeuilles. Il m'a raconté un jour comment Margaret Thatcher avait personnellement donné 20.000 livres à sa fondation. 'Comment avez-vous réussi?', m'étonnais-je. La Dame de fer, dont l'avarice était de notoriété publique, tenait fermement les cordons de sa propre bourse. 'J'ai demandé', répondit-il en riant. 'Tu n'obtiendras jamais ce que tu veux si tu ne demandes pas'. Puis, en baissant la voix sur le ton du complot, il m'expliqua que son don avait ulcéré certains de ses ennemis (à lui, ndlr)."
Une larme
Enfin, Bono finit sa lettre d'hommage à Mandela en expliquant que si l'homme au grand coeur ne pouvait pas verser de larme, c'est parce que ses canaux lacrymaux avaient été endommagés par la poussière qui embrumait les mines où il était fier d'avoir travaillé. "Il s'est fait opérer en 1994 pour arranger cela et put enfin pleurer. Aujourd'hui, c'est nous qui le pouvons.
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