- Marie-Louise MUMBU
Samantha à Kinshasa
Kinshasa/Bruxelles: Afrique Edition/Editions le Cri, 2008.
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Samantha à Kinshasa.
- Le texte est marqué par la bonne humeur et la joie de vivre de Marie-Louise Mumbu. Son personnage principal est Samantha, journaliste comme elle qui, alors qu'elle quitte Kinshasa pour l'Europe, se remémore le temps d'un voyage, des chroniques de vies de petites gens dans les quartiers populaires dans cette mégapole de plus 10 millions que constitue Kin la belle, la poubelle, la plus belle. Elles racontent des tranches de jeunes filles, de jeunes hommes, de militaires, de femmes légères, de taximan, de fonctionnaires ayant près de 59 mois de salaires impayés, de vieilles commères de quartier, de musiciens... Tout y passe. Avec un lien qu'elle tisse entre les différents personnages. Lien que l'on découvre en avançant dans la lecture de ce livre. Toutes ces gens étant écrasés par un état qui a définitivement cessé d'exister et dans lequel, la débrouillardise est une institution, et l'entraide familiale un moyen de survie parfois lourd de conséquence. Le petit peuple observe la politique, la commente avec une certaine fatalité. La vie est dure. Mais, il y a cette fascinante joie de vivre (malgré une adversité qui a les dents aiguisés) qui surprend, qui déboussole.
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L'écriture est aussi service du texte. On est définitivement avec cette nouvelle génération d'auteurs africains qui écrivent avec leurs tripes, et qui s'approprie la langue française pour transmettre quelque chose. Le texte n'est pas linéaire. La chronologie de certains événements n'est pas toujours respectée, et pourrait surprendre le lecteur méconnaissant l'histoire de 20 dernières années de Kin avec le départ de Mobutu, la prise de Kinshasa par Kabila et les élections « démocratiques » gagnées par Kabila fils. Cela ne suffit pas à altérer ces épisodes de vie dans une grande ville africaine.
Samantha quitte Kin. Elle part malgré tout, avec sa joie, ses espiègleries pour découvrir un ailleurs. Avec un brin de nostalgie, sans aucune colère.
- "A propos de Kin la belle, la poubelle, la plus belle. Elle est paradoxe et spectacle, des fois complètement désarticulée. Quand on pense à la mater, c'est là qu'elle réagit parce qu'elle est complètement imprévisible. Comme c'est le cas maintenant après les présidentielles ! Un peu comme une pute qui baise pour le prix le plus fort avec un gros bonnet, mais qui le fait gratos avec le mec sans le sou de qui elle est amoureuse. C'est tout elle ça... Elle a le chic de garder le sourire et cette espèce d'air de fête malgré la galère. Les misères. C'est tout Kinshasa, ça... Une mégapole complètement désarticulée."(p.61)
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